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“Les enfants ont des idées, mais il faut les prototyper” : retour sur le Festival Demain la Ville

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Le 6 juillet s’est tenue à Lyon la deuxième édition du Festival Demain la Ville. Un festival haut en couleur qui a permis d’interroger, le temps d’un après-midi caniculaire, les grands défis à surmonter pour rendre la ville plus inclusive, chaleureuse et hospitalière. Placées sous le signe du “rêve”, comme lors de la précédente édition, les trois tables rondes ont fait la part belle aux nouvelles manières de concevoir l’espace urbain. Avec, en guise d’ouverture à l’heure du goûter, un premier échange consacré à la place des enfants dans la ville.

 

Vers une ville plus inclusive

“Rêver la ville aux enfants” : tel était le titre de cette table ronde, avec un clin d’œil assumé pour l’ami Casimir. Comme un symbole, l’introduction était confiée à une ribambelle de bambins, dans une série d’interviews réalisées par Chic de l’archi. L’association, qui cherche à sensibiliser les plus jeunes aux métiers de la ville, était représentée par sa fondatrice, l’architecte Marine Simoes. Et le temps caniculaire était l’occasion d’en rappeler la raison d’être : “Nos villes deviennent complètement hostiles. C’est donc le bon moment pour s’interroger sur la manière de faire la ville avec les enfants, afin qu’elle soit plus hospitalière.”

Pourquoi les enfants plus spécifiquement ? Les raisons sont multiples. Parce qu’ils se brident moins que les adultes et sont donc plus créatifs, d’une part. Mais aussi et surtout parce qu’ils sont plus fragiles dans l’espace public, face à des automobiles toujours plus imposantes (entre autres). “Si on arrive à repenser l’espace public en chaussant nos petites lunettes d’enfant, les solutions qu’on va trouver seront adaptées à une majeure partie des gens !”, estime ainsi Olivia Cuir, secrétaire générale de l’APCI (Agence de promotion du design français) et directrice de l’agence Esprit des Sens. Dans le cadre d’une réflexion sur la place de l’eau à Lyon, elle a eu l’occasion de faire travailler des enfants avec des étudiants de l’école de design Strate. Cette collaboration d’un nouveau genre a permis de prototyper les solutions proposées par les plus jeunes. Une manière de concrétiser des idées folles, et de montrer qu’elles ne sont pas toujours aussi folles que ça…

 

Remettre l’enfant au centre de la ville

Ce sens de l’écoute est aujourd’hui institutionnalisé dans la Capitale des Gaules. Comme l’explique Tristan Debray, élu dans le 5e arrondissement de Lyon et surtout conseiller municipal délégué à la Ville des Enfants, les plus jeunes sont désormais considérés comme des citoyens à part entière. La ville a mis en place des “Conseils d’arrondissement des enfants” (CAE), au sein desquels les enfants peuvent “prendre des décisions, faire des visites de terrain avec les élus, faire des demandes et des propositions sur l’aménagement des espaces publics…” Un juste retour des choses, alors que “l’enfant a été complètement oublié de la fabrique urbaine pendant 50-60 ans”.

Ce rééquilibrage n’est pas anodin. “C’est aussi une question politique, précise Marine Simoes. Certaines grandes villes perdent des familles aujourd’hui.” L’association est d’ailleurs de plus en plus sollicitée pour répondre à des concours dans les groupements des promoteurs. “On voit qu’il y a une vraie volonté de la part des opérateurs d’intégrer cette vision de manière plus systémique”, même s’il reste encore beaucoup de chemin à faire.

Festival Demain la ville 2e édition – Crédits Carlota Prod

Prochaine étape, une intégration plus systématique ?

“Il y a encore beaucoup de travail, confirme Tristan Debray, mais la place de l’enfant dans la société, et dans la ville en particulier, est en train d’évoluer dans le bon sens”. L’élu se veut rassurant. Depuis le confinement, les initiatives locales se multiplient en France et dans le monde. Pour autant, le réflexe n’est pas toujours systématique. Le recours aux enfants est encore trop souvent saupoudré au fil des projets, souvent en phase de concertation alors qu’il faudrait les faire intervenir en amont. “On fait autant de pédagogie avec les enfants qu’avec les maîtres d’ouvrage !”, s’amuse Marine Simoes.

Peut-être est-il aujourd’hui nécessaire de passer à l’étape supérieure. Trois ans après que le confinement ait offert un énorme coup d’accélérateur au sujet, l’heure n’est plus aux tâtonnements. Olivia Cuir invite les donneurs d’ordre en question à s’en emparer, avec en ligne de mire cette “ville apprenante” qu’elle appelle de ses vœux. “Les enfants ont des idées, mais il faut les prototyper. Les aménageurs et les promoteurs pourraient s’en charger au sein de leurs projets.” Peut-être le sujet reviendra-t-il sur le devant de la scène lors d’une prochaine édition du Festival Demain la ville ? Le terreau est en tous cas fertile pour les jeunes pousses d’aujourd’hui et demain !

L’intégralité des échanges est disponible en vidéo ci-dessous !

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